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MOMENT "M" SUR LA MINI JUPE

MOMENT "M" SUR LA MINI JUPE


Ce mois-ci, dans le blog de Bellite, je vous propose un Moment « M » sur la mini-jupe. Cela peut vous sembler anodin de sortir ce vêtement de vos penderies et de l'assortir à des chaussures compensées, des talons hauts ou vos baskets préférées, mais ce petit bout d’étoffe a suscité d’intenses controverses de par le monde. C’est d’ailleurs encore le cas dans certains pays. La preuve en est que depuis 2012, au Swaziland, quiconque porte une mini-jupe se voit condamner à une peine d’emprisonnement. Eh oui, la mini-jupe est provocante et attise le désir masculin. Si vous avez eu l’impudence d’en porter une au moment où un homme croisait votre chemin et qu’il n’a pas été capable de refréner ses pulsions, tant pis pour vous. Des femmes issues de différents pays ont été lourdement sanctionnées pour avoir osé déambuler dans les rues en mini-jupe…C’est d’ailleurs pour lutter contre cette interdiction qu’une journée internationale de la mini-jupe est créée en 2015. Les notions de « désir », d’« émancipation féminine » et d’ « impudeur » sont ainsi liées à la mini-jupe, et ce, depuis son origine…

Back to the 60’s: l’invention de la mini-jupe

Je vous propose de repartir en arrière, à la charnière des années 1955-1962. Nous sommes dans un atelier londonien, sur Kings Road, appelé « Le Bazaar ». Mary Quant, sa directrice, s’intéresse de près à la jupe et cherche à la raccourcir afin que les femmes puissent plus librement courir après leur bus ou leur train. Elle dessine alors des modèles de micro-jupes et les vend sitôt confectionnées, dans sa boutique réputée pour son éclectisme. C’est un succès. De nombreuses jeunes femmes ne tardent pas à adopter sa mini-jupe tellement pratique et esthétique ! Il devient impératif pour la créatrice de lui trouver un nom afin de la commercialiser à grande échelle.

Mary Quant opte très vite pour le nom de « mini-jupe ». D’où lui vient cette soudaine inspiration ? Une idée ? Elle lui vient d’une voiture : La Mini 1000 de chez British Motor Corporation ! En 1959, cette voiture élégante et féminine vient juste d’être commercialisée, au moment même où apparait dans les magasins de jouets une poupée de 29 centimètres aux longs cheveux et à la plastique jugée parfaite, introduisant une standardisation du corps féminin : blanc, longiligne, à la poitrine généreuse et altière, que l’on peut customiser à merci. Cela ne sera pas sans répercussions sur les jeunes filles qui s’identifieront progressivement à elle, allant jusqu’à transformer leur propre corps en recourant à la chirurgie esthétique...

Dans le sillage de Barbie©, le métier de mannequin se développe de part et d’autre de l’Atlantique.

Ainsi, le model Lesley Lawson alias Twiggy (=Brindille), avec sa coupe à la garçonne et ses jambes fluettes apporte une nuance pétillante au ciel gris londonien,

                        

 

Tandis que Brigitte Bardot alias BB, devient une icône française sulfureuse, à la fois mannequin, chanteuse et actrice. Sa plastique est à l’image de Barbie© et toutes deux connaissent un succès planétaire dans les décennies suivantes.

                        

Sur fond de Beatles mania et d’essor des produits électroménagers, ces femmes contribuent donc au succès de la mini-jupe, la rendant plus que tendance : populaire. Mais qui dit succès, dit controverses, et le port de la mini-jupe ne s’est pas fait sans heurts.

 

Maman, papa, mais laissez-moi tranquille !!!

Celles qui sont mères de jeunes adolescentes esquissent un petit sourire, n’est-ce pas ? Les autres aussi, car elles se rappellent ces journées fastes de leur adolescence passées à faire le mur, à mettre deux tenues dans leur sac afin de se changer dans les toilettes du lycée, à prendre une trousse de maquillage ou encore à mâcher un chewing-gum pour faire disparaitre l’odeur de cigarette…ai-je vraiment tort ? Une manière donc de s’affirmer face aux choix parentaux, à leurs goûts jugés « rétrogrades », « vieux », « nuls », etc. « Beurk, mais qu’est-ce que c’est moche ce truc ! je ne peux vraiment pas aller au lycée comme ça ! La honte ! » Bref, pas besoin de vous faire un dessin, vous avez les mêmes à la maison (et je ne parle pas de raviolis !)

En France, à l’instar de l’Angleterre, les mœurs bourgeoises règnent en maitre. En 1965, pas question pour papa et maman de donner leur aval pour que leurs filles se promènent dans les rues en montrant leurs genoux ! En effet, la vue d’un genou est considérée comme vulgaire et déplacée ; en un mot : indécente. Le créateur André Courrèges ne l’entend pas de cette oreille et choisit de dessiner des modèles de jupes courtes en s’inspirant des succès de Mary-Quant (ici encore il y a débat entre qui a influencé qui, mais les archives semblent parler d’elles-mêmes…) Alors que le dernier numéro du magazine Elle est sous presse, Hélène Gordon-Lazareff, sa directrice, fait stopper les rotatives et se rend à l’atelier Courrèges pour voir la nouvelle collection. Sentant un souffle nouveau, la directrice et son équipe s’empressent de retravailler le numéro durant la nuit et de le consacrer à la mini-jupe. Ce sera un véritable succès puisque 200 000 mini-jupes seront vendues dans l’hexagone au cours de l’année 1966.

Coco Chanel s’insurge ouvertement contre cette mode, jugeant la mini-jupe « impudique ». La tendance doit rester au No5 et à son tailleur en tweed à quatre poches ! Partisans et adversaires de la mini-jupe s’affrontent, les luttes sont si vives que le préfet de police de Paris et le ministre de l’Éducation prennent des mesures en faveur de son interdiction (ça vous rappelle quelque chose 😉). Expression de la féminité, la mini-jupe devient alors plus qu’un accessoire de mode, elle devient un symbole d’émancipation féminine et sexuelle, une manière aussi de s’approprier l’espace public.

« Ex-fan des sixties petite Baby Doll… » 

Tout le monde a un jour eu en tête cette chanson de Serge Gainsbourg interprétée par sa compagne de l’époque, Jane Birkin. Si ce n’est pas le cas ou que vous souhaitez la réécouter, pssst, c’est par ici :) https://youtu.be/tXvgdtbzNyc

Cette chanson composée en 1978 sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing n’évoque pas seulement, avec nostalgie, les groupes phares des années 60 et certains musiciens disparus ; elle fait aussi écho à d’autres problématiques, plus sociétales dirais-je, comme la question du droit des femmes de pratiquer librement une interruption volontaire de grossesse ou de porter la mini-jupe, par exemple… Rappelons brièvement que Simone Veil avait réussi le tour de force de faire promulguer la loi IVG en 1975, mais qu’elle souhaitait désormais que celle-ci soit remboursée par la Sécurité sociale, ce qui divisait une nouvelle fois l’opinion publique.

Pendant que des femmes se battaient pour leurs droits, la mode féminine enfermait de nouveau les corps dans des tissus longs. Les nombreux centimètres perdus dans les années 60 réapparaissaient ainsi au profit des jupes longues et plissées…

Dans cette version de la chanson, les cheveux longs de Jane Birkin sont relevés en un chignon lâche. Ses vêtements sont constitués d’un corsage blanc ouvert d’un côté laissant deviner sa poitrine nue (elle ne porte pas de soutien-gorge) et son omoplate, et d’une jupe longue couleur jaune crème. Ses jambes sont grandes ouvertes et le morceau d’étoffe légère fait office de voile de la pudeur. Il y a un jeu de cache-cache hypocrite : je montre un genou, mais je cache l’autre (car je sais qu’il est considéré comme indécent) ; je vous invite à me désirer, j’excite votre imaginaire, mais je ne suis plus une baby doll du temps où la libération sexuelle était mon Credo. Les choses ont changé.

Il y a ici l’expression d’une contradiction, d’une lutte entre deux pôles antagonistes au sein d’un même corps (si l’on extrapole : d’une même société) ; un peu comme un clin d’œil de Gainsbarre à Gainsbourg.

Mi-lascive, mi-nostalgique, Jane Birkin incarne une femme de son temps, libre et enfermée par la société ; un peu comme une jupe à la mode qu’on raccourcit et qu’on rallonge au gré des valeurs et des tensions sociales du moment : un va-et-vient constant entre tradition et modernité.

 

 

Libre interprétation audiovisuelle de ©Marjorie Dennequin

Envie d’approfondir le sujet ?

Archive de l’INA : documentaire consacré à l’arrivée de la mini-jupe en France en 1966 : https://youtu.be/PYSPyGTa9X4

Patrick Liegibel, « Révolution dans les sixties : la minijupe », émission Au fil de l'histoire sur France Inter, 29 août 2012.

Cally Blackman (trad. Hélène Tordo), 100 ans de mode [« 100 years of fashion »], Paris, La Martinière2013, 399 p.

Mary Quant, Autobiography, Headline, 2012.

 

Autheur : ©marjoriedennequin/©moment « M »

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